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23 septembre 2012 7 23 /09 /septembre /2012 17:20

 

 

 

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(fredonne) " Trois p'tits chats, trois p'tits chats, trois p'tits chats-chats-chats...


- Oh ! Bonjour madame ! Je me présente : Ishmir, marchand de lunes. Souhaiteriez-vous éclairer vos nuits d'une belle lune en sucre ou bien d'une délicieuse lune de miel ? N'hésitez pas. Non ? Une autre fois peut être. Parlez-en à vos amis. Au revoir. Hey ! Bien le bonjour monsieur ! J'aperçois de bien ravissantes créatures à vos bras. Une petite lune dorée pour agrementer vos folles nuits de son halo divin ? Une lune argentée peut être ? Elle provoque d'époustouflants reflets sur le miroitement de l'eau. Pensez donc à votre éblouissante compagnie, monsieur. Je peux voir d'ici toutes les étoiles qui pétillent dans leurs yeux. Il n'est pas bon de laisser un ciel étoilé sans lune, mon ami. Eeeet adjugez, vendu ! Monsieur, vous êtes un bien gentilhomme. Que dis-je ?! Un gentleman ! Au plaisir.


- Approchez mesdames et messieurs ! Ishmir, marchand de lunes. Bonjour mademoiselle ! Ooooh, mais quel sourire ravissant. Que peut le vieil Ishmir pour vous ? Vous souhaitez un nouvel astre pour une soirée romantique. Et bien, mademoiselle, vous êtes descendue sur la bonne planète ! Voici, pour vous, ma toute dernière création : la lune du lendemain... Fabriquée à partir d'extraits de comètes et saupoudrée de poussière de Vénus, elle promet une nuit torride, garantie sans fausses promesses, car, voyez-vous, la Dame de l'Amour tient toujours ses promesses. Merci bien, mademoiselle ! Bonne soirée !


- Allez ! Approchez mesdames et messieurs ! Ishmir, marchand de lune ! Lunes au rabais comme lunes luxuriantes, mes étagères fourmillent de vos plus grands désirs - hé oui, mesdames et messieurs - j'ai bien dis, je l'affirme, de vos plus grands désirs. Bonjo... oui, oui, excusez moi monsieur, je chuchote, je chuchote... que puis-je pour vous ? Vous souhaitez... ? Vous êtes vraiment sûr de vous ? Vous savez que les Obscures auront toujours des effets secondaires sur l... ? Bien, bien, comme vous vous voulez. Vous n'avez jamais entendu parlé de moi, cela va de soit. Bien. Vos crédits, voilà, adieu...


- Hum... Allez ! Approchez mesdames et messieurs ! Ishmir - non monsieur, les soucoupes volantes sont plus loin -, marchand de lunes ! Ni trop courtes, ni trop chères, mes lunes possèdent cette magnificence propre aux reines de Dulcinée ! Aaaaah, bonjour petite mademoiselle ! Que bon vent t'a soufflé jusqu'à mes étagères ? Tu cherches une lune d'anniversaire pour ta maman ? Oh, quelle belle âme charitable que voilà ! Oui, je possède des lunes d'anniversaires. Légèrement fantômatiques mais fières, leurs doux murmures arc-en-ciel supplombent de leurs vers joyeux et chatoyants les plus grandes fêtes d'anniversaire jamais orchestrée par l'Homme. Tiens, voilà pour toi, petite. Continue de rêver ! Bye bye !


- Allez mesdames et messieurs ! Approchez ! Approchez ! Ishmir, marchand de lunes, enchanteur des nuits les plus sombres, grand magicien de soirées étoilées ! Comment monsieur ? Si la lune du... ? Ah ! Mais c'est un grand plaisir de vous rencontre, mon bel ami. Un client cultivié ! Bien des surprises viennent frapper à ma porte aujourd'hui ! Je suis bien cet Ishmir là. Je t'avouerais, mon ami, que je suis très, très fier de cette lune si. J'avais réussi à faire fondre du bronze dans les volcans solaires avant d'y veiner de l'argent de Saturne et de l'emmitoufler dans un feuillage d'automne aux reflets d'un brun orangé captivant. Alors, avez-vous écouté leur version des Trois petits chats ? Ah, quel merveille que cette cent quatre-vingt-et-unième représentation du Grand Opéra de Junon. J'en ai encore les larmes aux yeux. Oui, bonjour madame. Comment devient-on marchand de lunes, dîtes-vous ? C'est une bonne question. J'aimerais vous dire, comme certains, que ce fut mon père qui m'en enseigna le métier, mais - et même si d'une certaine manière ce fut le cas - je n'ai pas eu cette chance. Non, mon défunt père était fromager. Néanmoins, il était aussi un peu sorcier, et un peu astrologue, et un peu un phénomène aussi. Il m'avait toujours affirmé : Fils ! Comme un bon fromage se doit de clôturer un repas, une lune se doit d'émerveiller les contemplatifs la nuit. Oui, oui, à sa façon, mon défunt père était un sage. Mais ma vocation pour les lunes naquit un soir de nuit noire, lorsqu'avec un garçon-clown, nous fûmes virer à grands coups de pompes hors d'une taverne terrienne - drôle de planète - Des astres qui tournoyèrent autour de nos cabôches, ne manquait que la lune. Aaaah, madame, quel grand malheur se fut ! Depuis cette soirée, j'ai quitté le cirque pour me lancer dans l'élaboration et le commerce de lunes ! Voici mon histoire, madame !


- Oh, rebonjour mon ami amateur de musiques ! Ah, vous aussi aimeriez bien connaître le fameux procédé de création lunaire ? (rire) Souhaiteriez-vous devenir un futur concurrent, monsieur ? Oh, mais non. Ne faîtes pas cette tête, voyons. Je plaisantais. Et bien, si certains vous diront qu'il faut être moitié aventurier, moitié scientifique, moitié magicien, et moitié fou, et bien, croyez moi, croyez moi pas mesdames et messieurs, je vous répondrais simplement - foi d'Ishmir! - que je me contente de rêver. "


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27 juillet 2012 5 27 /07 /juillet /2012 16:40

 

"Bohémiens autant qu'mat'lot

Fils de rien, tantôt enfants d'salauds

Puisqu'on a l'choix selon l'château

Fils de rois sur le pont d'un bâteau."

 

 

 

 

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Mes pieds se traînent dans la poussière. Le soleil brûle la rétine de mon oeil unique. Ma cape n'est plus qu'un vague souvenir, ses lambeaux flottent sous la brise matinale du Déserts des Murmures. Je marche, seul, depuis une éternité. Le temps, la vie, la mort...aujourd'hui, tout cela n'a plus aucune importance pour moi. Les dieux m'ont accordé le "don". Alors depuis, j'erre sans but à travers la surface du monde. J'ai croisé le chemin des Dunes. Debout sur le dos d'une fourmi, elles se sont voilées la face devant mon tronche de borgne. Hargneuses et dangereuses filles du désert, elles se sont jetées sur mon canasson et l'ont emporté vers les sept racines. Ma vie de vagabond m'a emmené jusqu'aux bouts du monde, en passant en travers de toutes les civilisations. J'ai assisté à la chute de la Tour, à la naissance des oiseaux de pluie, au chant des marins des Mers du Sud, à l'évasion spectaculaire du Nécromancien, à la construction de l'Empire de Destinée ; j'ai vu tant de choses et rien n'est encore terminé. Je suis le chroniqueur d'un monde qui se bat contre son destin.

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10 juillet 2012 2 10 /07 /juillet /2012 19:05

 

"Les Constitutions sont l'aboutissement ultime de toutes les tyrannies [...] Elles organisent le pouvoir sur une vaste échelle afin qu'il ne puisse être renversé. La constitution n'a pas de conscience. C'est la mobilisation du pouvoir social. Elle peut briser le plus grand comme le plus petit, balayer toute dignité, toute individualité. Son point d'équilibre est variable et elle ne connaît pas de limitations."

Paul Leto Atréides, empereur Muad'Dib.

 

 

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Le 3ème quarts de la 16ème lune compte parmi une des heures habituellement calme dans les marais de la Gloire. Ancien lieu de résidence du Nécromancien, ils furent profondément transformé après la bataille du Destin, il y a de cela des centaines d'années. D'une beauté placide, de vastes étendues boueuses camouflant des bêtes plus féroces les unes des autres, ils sont rapidement devenus une véritable place-forte pour toutes les abominations sans-noms du Créateur. Ogres et gobelins sont rapidement venus les y rejoindre, se regroupant à grand force de trahisons et de soirées baignées de sang. Quelques jeunes dragons noirs rôdaient de le ciel vaseux des marais, terrifiant le moindre sorcier d'une quelconque tentative de sortilèges. Seuls les majestueux léviathans des airs avaient le monopole de ce qui restait des particules magiques éparpillées partout dans le monde, et ils ne plaisantaient pas avec les faux pas des mortels. S'ils se méfiaient des grandes cités, ils terrorisaient tout espace moins peuplé, ou moins bien organisé. Ce matin-là, comme chacun des jours préservés, un immonde brouillard verdâtre recouvrait les marais de la Gloire où pas dans l'ignoble vase pouvait signer une mort certaine. Des silhouettes se découpaient à travers la brume funeste, là où se situaient les tours de guet des campements humanoïdes. Attentives aux moindres frémissements de feuilles, les sentinelles, tendues comme la corde d'un arc, ne savaient où donner de la tête et se contentaient de ne pas se laisser surprendre pour avertir les autres. Pourtant, malgré toute cette vigilance, personne ne vit ou n'entendit le faible bruissement de pas de cette lourde et sombre silhouette encapuchonnée. Le crissement de la maille, tellement rare dans cette contrée humide, réveilla à peine la dizaine de rats terrés dans une hutte abandonnée. L'individu, d'une taille impressionnante, semblait être apparu de nul part. Il ne semblait ni inquiet de la présence constante des dragons, ni surpris de n'être la victime d'aucune créature monstrueuse des marais. Un arbre aurait pu se tenir à sa place que cela n'aurait rien changé. Pourtant, quelque chose finit par troubler un crocodile tapissé de piques. L'air semble électrique le temps d'un battement de sourcil. Les créatures eurent à peine le temps de se terrer un peu plus dans leurs cachettes qu'un assourdissant murmure dans une langue inaudible explosa dans tous les marais. D'une terreur sans nom, les immondes animaux vaseux perdirent la raison. Les yeux fous, ils se retournèrent les uns contre les autres à la recherche d'une sortie, d'un meilleur endroit où se planquer. Dans un campement de Razssscha'gal, des hommes-lézards vivant en petite tribu d'une vingtaine d'individus, un bébé commença un brailler. Une sentinelle gobeline sortit de sa torpeur quotidienne. Un loup muselé sauta sur son maître, la gueule dégoulinante de sang. Un chef ogre beugla son cri de guerre. Les dragons quittèrent brusquement le ciel des marais, l'éclat terne du soleil se réfléchissant sur leurs écailles d'ébènes. Une immonde incantation fit frémir chaque étendue vaseuse du coin. Une grenouille-cornue plongea, oubliant sa proie. La silhouette massive leva une main avec une lenteur exaspérante, pivota sèchement son poignée sur la droite, avala une grande gorgée d'air puis tomba à genoux. Dans un hoquet épouvantable, elle commença à gerber des dizaines, des centaines, des milliers des créatures ailées hurlantes. Ce jour-là, lorsque les soleils se couchèrent sur les marais de la Gloire, le sang poisseux des derniers habitants de cette région oubliée avait depuis longtemps fini de sécher sur les arbres tordus et, déjà, une nouvelle forteresse se dressait au-dessus des eaux empoissonnées.

 

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11 juin 2012 1 11 /06 /juin /2012 20:43

 

"Existe-t-il un fou, doué d'un cerveau assez puissant

Pour restaurer l'étoffe où sont tissés les rêves

Et broyer les démons et mater le Chaos,

Qui, délaissant et son royaume et sa promise

Tourbillonnant dans les marées contradictoires,

Oubliera son orgueil pour de longues douleurs ?"

Chronique de l'Epée Noire

 

 

 

 


 

Frostwolf

 

 

 

 

 

 

 

 

[...]

 

 

 

Les Légionnaires commençaient tout juste à bougonner sur le temps pourri des montagnes, les fourrures à peine chaudes, et le manque de professionnalisme des assassins de l'Impératrice lorsque la sentinelle aperçut les deux boules de feu.


« Les gars... c'est le signal ! » murmura l'homme chargé de la surveillance. Dïltmar et la 17èmeLégion émergèrent brusquement de leur léthargie. D'un mouvement nerveux de tête, ils chassèrent la neige accumulée sur leurs casques, saisirent leurs armes, réajustèrent leurs pièces d'armure et se lancèrent, le plus silencieusement possible, à l'assaut de la forteresse dokrienne. En file indienne, ils s'approchèrent de l'imposant bâtiment. Deux légionnaires sortirent des blocs noirs de leurs sacs et les placèrent, le plus délicatement possible, sur l'immense porte en acier. Les blocs se collèrent sans broncher et commencèrent à émettre de la fumée. Les deux soldats firent signes aux autres de se placer sur les côtés. Dïltmar leur obéit comme les autres même s'il n'avait aucune idée de l'utilité de ces trucs. La réponse à son interrogation muette ne tarda pas. Une puissante déflagration arracha la porte de ses gonds en faisant trembler les murailles en pierre noire de la forteresse et une vague de chaleur vint caresser son visage. Leur sergent brailla alors une douzaine d'ordres et, accoutumés à cette technologie, les légionnaires se lancèrent à l'attaque de la cour. Quatre tireurs d'élites se saisirent de leurs armes, d'étranges tubes métalliques, visèrent les différentes positions susceptibles de contenir des archers et firent feu. Dïltmar ne trouva pas d'autre mot pour décrire le phénomène. Quatre coups de tonnerre résonnèrent dans l'enceinte de la forteresse et, dans une traînée flamboyante, des sphères enflammées s'écrasèrent sur leurs cibles. La nuit fut soudainement illuminée par des soleils miniatures, révélant une cohorte de soldats dokriens, les traits déformés par la haine. Des hurlements de terreur, des cris de rage et des ordres braillés à tout va ne tardèrent pas à se faire entendre et les Légionnaires se retrouvèrent aux contacts des Dokriens. Les fracas des épées, les grognements et les insultes remplacèrent rapidement le moment de peur précédent. « Capitaine ! Vous connaissez votre mission ! Laissez-nous nous occuper de ces merdeux et foutez moi l'camp tout de suite ! » beugla le sergent à Dïltmar. Ce dernier réprima un sourire et disparut du champ de bataille.


La nain se faufila jusqu'à la cour supérieure, insensible aux frottements de ses armes contre ses jambes, ou bien aux coups de son bouclier contre ses épaules. Aucun renfort ne se joignait aux Dokriens de la cour inférieure, ce qui signifiait qu'Elen' avait réussi une partie de sa mission. Par contre, les deux tours de garde étaient encore debout. Inquiet, Dïltmar accéléra son allure lorsque le cadavre d'un dokrien s'écrasa devant son nez. Une dague était encore plantée en travers de sa gorge. Signature typique de sa femme. Le nain eut à peine le temps de faire quelques pas que la tour Est vola brusquement en éclat. La puissante explosion assourdit le guerrier qui dut alors utiliser son bouclier pour se protéger alors que des morceaux de pierre et de bois carbonisés pleuvaient autour de lui. Un second cadavre s'écrasa, face contre terre, dans un craquement effroyable à quelques mètres de Dïltmar. Ce dernier fronça les sourcils. Elen' se trouvait encore sur la seconde tour. Si elle avait été repérée, leur mission allait être compromise. Il dégaina sa hache et son marteau de guerre et entra dans la cour supérieure. Quelques Dokriens qui avaient échappé à la mort lors de la destruction de la première tour tentaient encore de comprendre ce qu'il se passait lorsqu'un tourbillon d'1m30 les découpa proprement en rondelles. Dïltmar cria le nom de sa femme et fracassant le dernier crâne qui se présenta à la lui.


L'avantage de se trouver tout en haut d'une tour de garde, c'est qu'on ne pouvait faire front qu'à un seul opposant à la fois et, peu importe le soldat qui se présenterait à elle, Elen ne pouvait être vaincue en un contre un. Lorsque la garnison d'archers dokriens commença à grimper, elle se contenta de trancher les premières têtes qu'elle voyait, en tentant de ne pas reculer sous la férocité de l'assaut des soldats. Elle venait d'en balancer dans le vide lorsque la voix de son mari retentit dans la cour. Avec un grand sourire, elle pivota sur elle-même pour esquiver le coup de son nouvel adversaire, monta sur son torse après lui avoir planté ses deux épées dans le corps et se laissa tomber avec lui. Ce n'est qu'à quelques mètres du sol qu'elle se propulsa en l'air, fit une pirouette impressionnante et retomba sur ses deux jambes, alors que le cadavre s'encastra dans la neige derrière elle. Elle dégagea ses lames et se dirigea vers son mari avec un grand sourire. L'armure de ce dernier était couverte de sang. Il était visiblement très soulagé de la revoir. Avec tendresse, elle lui déposa un léger baiser sur le front avant de s'envelopper de nouveau dans les ombres. Dïltmar connaissait malheureusement la marche à suivre. Alors que la seconde tour de garde vola elle-aussi en éclata, il détacha son bouclier, dégaina sa longue épée et enfonça son casque sur son crâne tout en s'avançant vers le donjon du sorcier. A l'approche de la porte d'entrée, l'armure du nain se mit à rayonner. Les enchantements s'enclenchaient à la détection des pièges magiques. Dïltmar poussa un violent rugissement et, d'un puissant coup de bouclier, envoya valdinguer la porte. Il y eut aussitôt des crépitements dans l'air et une dizaine d'éclairs rouges le heurtèrent de plein fouet. Un claquement sec se fit entendre lorsque l'armure dévia les sorts mortelles. Dïltmar recula d'un seul pas, avant de secouer la tête et d'entrer dans la dernière bâtisse de la forteresse.


La bâtiment ne comportait qu'une seule et unique immense pièce. Elle ne servait qu'à masquer le Portail des Sangs-Purs de toute curiosité extérieure. Entouré par deux gigantesques colonnes sculptées dans une pierres noires, sans aucun doute de la dentrite, un vortex s'agitait nerveusement, duquel se répandait une étrange lumière venue d'outre-tombe. Des veines verdâtres palpitaient sur la pierre, comme vouées d'une vie propre. Devant le portail, encore en pleine incantation, se dressait un Dokrien deux fois plus grand que tous les autres. Sa peau, naturellement grise, tirait sur une couleur maladive, signe distinctif de toute personne manipulant les forces occultes corruptrices. Vêtu d'un simple kilt écarlate, de bracelets en cuir cerclés d'argent, de mules en tissu et d'épaulettes en plumes d'acier, serties de pierres de lune scintillantes, le sorcier Nao'Shi vrombissait d'une puissance magique incontrôlée. Il riait comme un dément. Ses traits, brouillés par le surplus de magie présent dans la pièce, transpiraient la folie. Des flammes infernales dansaient à la place de ses yeux. Il poussa un long soupir d'extase lorsqu'une force inconnue traversa soudainement son corps, le faisant frissonner et légèrement léviter. L'air de la pièce parut littéralement se déchirer. Des éclairs s'échappèrent du portail et frappèrent le sol à deux endroits. La terre trembla. Des hurlements effroyables s'échappèrent des tréfonds de la nuit. Deux paires d'yeux rougeoyants firent leurs apparitions au milieu de la pièce. Des gueules pleines, aux crocs calcinés et dégoulinantes de bave, émergèrent alors des ténèbres. Deux immondes gigantesques loups, aux poils si sombres que la lumière semblait s'abîmer dedans, et aux griffes d'une taille démesurée et éclaboussées de sang, observèrent, emplis de rage, un Dïltmar pétrifié. « Si j'avais su, j'me serais pas l'vé ce matin... » soupira le nain avec agacement. Sur un hurlement lugubre, les deux bêtes infernales se jetèrent sur leur nouvel ennemi.


L'expérience parla avant le courage. Les nombreux réflexes acquis sur les champs de batailles prirent le dessus et, d'un coup de bouclier en pleine mâchoire, Dïltmar envoya bouler la première bête qui lui tomba sur la tête à l'autre bout de la pièce. D'un revers parfaitement ajusté, il trancha l'oreille gauche du second animal qui le menaçait, l'obligeant à cesser son assaut et à reculer pour prendre davantage de précaution. Les prunelles de la bête irradiaient d'une rage ardente quand, laissant son instinct s'exprimer, elle se jeta sauvagement sur le nain. Une première feinte. Une deuxième. Un coup de griffe bloqué par le bouclier. Une feinte. Une morsure bloquée par les épaulières en acier. Le loup ne parvenait pas à déjouer la vigilance du guerrier. Tel un bloc de granit, Dïltmar restait campé sur ses positions. Aucune attaque adverse ne le faisait bouger, ne serait-ce que frémir. Il respirait avec calme, désireux d'attirer toute l'attention des deux bêtes infernales afin qu'Elen' puisse s'en occuper sans problème. Lorsque le deuxième loup se jeta sur le nain, la jeune femme était prête. Émergeant des ombres, elle planta ses deux lames dans le ventre de l'animal. Dïltmar donna un violent coup de bouclier dans la mâchoire de la bête et, en pivotant vers son premier adversaire, lui trancha la jugulaire. Les viscères de l'animal se déversèrent sur les dalles de la pièce. Le loup s'écroula puis poussa un faible gémissement de douleur. La lueur dans ses yeux s'éteignit. Son compagnon commença alors à enfler. Ses poils se dressèrent. La folie le gagna. Dans un déchaînement de griffes et de crocs, il déborda la position du guerrier, réussissant presque à le renverser par la seule fureur de ses assauts. C'était sans compter la présence de l'assassin. De lambeaux de ténèbres vinrent s'enrouler autour des pattes de l'immense créature pour l'immobiliser en pleine attaque. Les lames de Dïltmar et Elen' cueillirent avec délice les flancs de l'animal, le tailladant de tous les côtés. La bête infernale retrouva sa taille normale avant de s'écrouler à son tour.

 

 

 

[...]

 

 

extrait de "Destinée"

 

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30 mars 2012 5 30 /03 /mars /2012 17:28

 

 

Ô âmes esseulés, croyez-vous en la destinée ? Si jamais nous consultions les étoiles ensemble, deviendrais-je fou à tenter d'apercevoir les mystères insondables de l'univers ? Ou bien continuerais-je à arpenter ce chemin, déjà bien assez ballotté parles fils imperceptibles de ma conscience torturée...

 

 

 

http://fc08.deviantart.net/fs71/i/2012/047/c/5/star_wars___doctor_who_crossover_by_drombyb-d4pr7xd.jpg

 

 

 

 

 

 

Ce matin, une corbeille est venue se posée sur le rebord d'ma fenêtre. Elle venait tout juste de commencer à lisser ses plumes lorsque j'l'ai apostrophé. "Ohé du bateau ! Que vois-tu à l'horizon ?" Elle m'a regardé en ricanant et ne daigna me répondre d'un unique "Zut" narquois. Vous saviez, ô morceaux de gingembre flottant dans mon rhum, qu'une dague de papier sur un rouleau de scotch faisait frémir de transpiration la poiscaille ? Ah ! C'est une constellation qui me l'a murmuré il y a quelques jours. On jouait à qui-dort-dîne et Patrick à perdu. Il a beau être un saint celui-là, j'lui confierais jamais une seule de mes rousses. Malgré leur caractère, elles auraient fort à parier sur mon ch'val que sur l'autre poivrot. Bref, c'est à grands coups de cornemuses que j'ai fini par dégoter un semblant de réponse à l'autre piaf. "Le monde n'a pas de sens, petit singe. Cesse donc de lui tourner autour et rejoins moi avec ton bâton." Bon, j'l'ai bien cuisiné pendant une trentaine de siècles, pas moyen d'piger une branlées de plus. Du coup, avec mon pote connu, on s'est pointé au Quatre Pintes, un établiss'ment respectable, et on s'est balancé un mal de tête à en déculotter la princesse Destinée. Et pouvez m'croire, c'te pucelle de pétasse passe pour une puissante putain de magicienne. J'ai jamais rien compris à la magie t'façon. Un jour ça va, le lendemain on s'retrouve avec une pluie d'pierre sur la tête. Bon, du coup, j'avais déjà d'la bouffe pour le déjeuner, donc j'me suis pas cassé les burnes à aller pêcher. J'ai échoué quelque part entre Dumstrod et Pélican... et puis plus rien. J'me souviens d'une conversation entre un nain et une blondasse hyper bonne à brouter sur la vallée du Deuil et une porte des abysses, ou ch'ais pas quoi. Ces trucs, ça m'regarde pas, vous voyez, mais si y'a moyen de chopper des infos à revendre, j'dis pas non. Mais j'suis pas un teubé non plus. J'me fourre pas dans l'anus d'un dragon chiasseux. Donc j'ai esquivé les deux olibrus et j'suis r'venu dans mon connard de bled. Y'avait une de ces foutus boites à images, là. Avec un casque à cornes, on t'la foutu sur l'eau, sur la rivière et boum! elle s'est dézinguée. La poussière, vous voyez, c'est un peu comme tous ces corniauds de Gris. Y'en a toujours planqués dans les coins les plus sordides du monde. Et ils te feront toujours aussi chier même s'ils n'font rien. Alors moi, quand j'vois un Gris, bah j'ferme ma gueule et j'lui fous un coup d'pelle dans la tronche. En même temps, il l'a bien cherché c'fils de putain. Pourquoi qu'il vient s'traîner devant ma piaule ? J'vais pas vendre des cochonnes chez lui que j'sache. Donc il reste dans son taudis dégueulasse et y m'laisse tranquille. C'pour ça m'sieur l'juge. Moi, j'suis pas un mec méchant. J'supporte pas ces enfoirés Gris c'tout.

 

 

 

 

 

 

 

 

C'te fils de pute...

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11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 15:16

 

 

 

 

 

 

 

En rangeant mes papiers, j'ai récemment retrouvé un de mes vieux cahiers du lycée. Cette période fut assez marquée par des gribouillages que je faisais à côté des cours. J'écrivais tout et n'importe quoi, histoire de faire passer le temps plus vite avant de pouvoir rentrer et lire. Bref, voici un petit récit inachevé que j'ai retrouvé et qui m'avait, si mes souvenirs sont toujours exacts, demandé pas mal de réprimandes de mon professeur de maths.

P.S. : J'en profite pour redire que les images postées, mis-à-part celle de cet article, ne sont pas de mon fait mais proviennent de différents artistes choppé sur deviantART.

 

 

 

 


 

http://th04.deviantart.net/fs70/PRE/f/2010/017/e/3/e36155ec84785fb93232b12f3ef2f6ea.jpg

 

 

 

 

 

Voici l'histoire d'un vaillant jeune homme au mystérieux nom d'Erïn. Abandonné par ses parents à son plus jeune âge, il vécut pendant des années seul, survivant aux lois les plus dures de Mère-Nature. Élevé par la suite dans une tribu de la forêt, il apprit à connaître la moindre légende merveilleuse. Son adolescence fut ainsi bercée au milieu des contes elfiques, nains et intemporels des plus grands sages de son temps. Malgré l'amour que lui portait sa tribu d'adoption, le jeune Erin ne cessait de chercher des fragments de son passé. Attentif aux souhaits de ses frères, le chef de la tribu vint, à l'aube de ses 22 printemps, le trouver près de la colline des Sentinelles et lui tint un langage des plus étranges.

 

"Sâlut à toi, vaillant Erïn.

Voilà maintenant plus de quatorze années

Que notre tribu t'a accueilli en son sein.

De la rivière où nous t'avons trouvé

Se trouve la réponse à toutes tes questions.

Va ! Et une fois ta curiosité rassasiée

Nous te révélerons la mission

Que devra accomplir ta destinée."

 

Sans une syllabe de plus, le chef s'en retourna, laissant ses paroles faire effet sur le jeune orphelin. Après une profonde méditation, le vaillant Erïn courut jusqu'à cette fameuse rivière. Malheureusement, elle n'y trouva aucun indice qui aurait pu étancher sa soif de questions. Le voyage lui ayant prit une bonne partie de la journée, il ne fut pas surpris de voir la lumière du soleil décliner. Avec la souplesse du guépard, l'orphelin s'allongea sur l'herbe et s'endormit en même temps que l'astre lumineux. A peine ses pensées lui échappèrent qu'un homme et une femme masqués, tout vêtus de brun, vinrent rendre une visite à ses songes perturbés.

 

"Bienvenue à toi, vaillant Erïn,

Car voici venu le temps des réponses.


- Interroge nous et nous répandrons

En ce songe la plus infime de nos connaissances.


- Qui suis-je ? Quelle serait ma destinée ?

Pourquoi me serait interdit mes souvenirs ?


- Ton destin est lié à ces terres

Qui, pour toi, auront usé mille sacrifices

Uniquement pour te bercer entre ses bras.


- Théodowice, ton père s'était nommé,

Et ta mère n'était qu'une catin.

Pourtant c'est en son nom que ton géniteur est décédé

Tranché par les sabres de la gardienne des âmes célestes.

Ta destinée s'est inscrite au milieu des flammes.

Elle se révèlera quand ton avenir sera réglé."

 

Les deux inconnus se dispersèrent telle de la brume, laissant l'esprit rêveur d'Erïn reprendre le dessus sur cette intrusion imprévue. Le lendemain matin de cette nuit agitée, le vaillant Erïn le leva de bonne heure pour rentrer le plus tôt possible dans sa tribu adoptive. Le chef et le shaman du village l'attendaient devant sa hutte. Ils le regardèrent s'approcher et le plus vieux des deux s'adressa à lui :

 

"Salution, fils de la rivière. Il est temps pour toi de te préparer à ta destinée. Elle seule saura choisir si tu es un être humain ou non. Tu es arrivé dans ce village fragile comme un moucheron, maintenant il te faut le quitter avec la fierté du lion. Prends ceci, enfant des flots.


- Merci à toi, Ô grand sorcier !

Par tes conseils et ta sagesse

J'ai su me préserver des vices des étrangers.

Si pour toi une amitié ne représente rien de plu'

Que la sècheresse âpre du désert

Alors pourquoi me donnerais-tu ce kriss ?


- Si la mission qui échoue sur tes épaules est simple, les moyens pour l'achever seront des plus difficiles, vaillant Erïn. Tu as su faire tes preuves à de nombreuses reprises, mais cette fois-ci, il te faudra double la vivacité de ton esprit. Les dieux m'ont parlé. Cette nuit, tu devrais errer dans la forêt et découvrir la seconde partie de ton coeur. Les enfants de l'obscurité ne te porteront pas préjudices, sauf si tu menaces leur descendance. Le kriss sera donc ue nouvelle responsabilité que tu devras user avec précaution.


- Maintenant, va, fils des étoiles !

Cours accomplir ta destinée

Et ramènes nous ton coeur pur

Pour que nous puissions enfin festoyer."


Les deux hommes tournèrent dos au vaillant Erïn et retournèrent chez eux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

[ Je tâcherais d'achever ce début de quelque chose dans la semaine =) ]


 

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25 novembre 2011 5 25 /11 /novembre /2011 00:09

 

 

" Trois bougies repoussent les ténèbres ; la vérité, la connaissance et les lois de la natures. "

[Proverbe celtique]

 

 

 

 

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Y'en a marre ! Voilà maintenant des mois qu'nous sommes perdus sur les mers du Sud et l'cap'taine Nük'Io n'nous a toujours pas expliqué c'qu'on f'sait ici ! Les gars et moi, faut dire qu'on en a ras l'cul d'tourner en rond su'l'bateau. Y'a rien d'autre à foutre ici qu'regarder les mouettes et parier sur c'lui qui en touch'ra une avec une fronde... Bah ouai quoi, on n'va tout d'même pas gaspiller du beau plomb pour c'te merde d'bouffeur d'poiscaille. Y'a qu'les officiers Ragen, Mercucio et Gilla qui restent silencieux. J'suis sûr qu'ils savent quelqu'chose ceux là. Rien qu'à les voir t'jours vautrés d'coté du cap'taine, à murmurer des choses entre eux, on peut sentir, avec les aut'es gars, qu's'passent des choses pas nettes ici. Avant de d'venir un Wat'wa'ker, mon vieux m'avait donné une éducation. Il m'a fait lire c'trucs en papier pleins de lettres sur des vieilles histoires. C'pour ça qu'j'suis l'chef des gars d'en bas. J'reste d'la merde pour l'cap' et les aut'es, mais quand faut parler aux gars pour qu'le bateau fonctionne bien, c'toujours moi qu'on vient parler.. voir ! Ca fait des années qu'on tourne ensemble avec l'cap' et ses potes. J'me souviendrais t'jours d'la première fois qu'j'l'ai vu. J'suis tombé amoureux comme un putain d'gosse...

 

 

Nous nous tenions, comme chaque fin de semaine, au "Dragon Volant" avec Micha Ragen quand une bande de malotrus entra bruyamment dans la taverne. Aux premiers coups d'oeil, on pouvait tout de suite remarquer qu'il s'agissait de marins tout juste rentrés de mission. Ils venaient sûrement d'être payer, et grassement, pour venir ainsi se saouler, mais le fait est que leurs gueules cassées d'hommes increvables me plurent aussitôt. Quelque chose chez eux respirait la fierté, la fidélité et le professionnalisme. Il faut dire que rares étaient les personnes osant s'aventurer sur les mers. Nul ne sait exactement pourquoi, mais les mers au-delà de P'tit-Port, au-delà de la pointe sud de la montagneuses Tahar'Ma, étaient extrêmement dangereuses, voire mortelles, même pour les plus vétérans des marins. De ce fait, P'tit-Port ne croulait pas sous une population maritime. La plupart des habitants préféraient marchander ou se tournaient vers les terres et les mines. Il était donc très, très rare de rencontrer les marins de P'tit-Port. Depuis les trois mois que je m'étais installée à l'auberge du "Désespoir Nocturne", réputée à travers tout le continent pour sa cuisine épicée, c'était la première fois que je voyais ces derniers aventuriers, les uniques combattants des terribles et fascinantes Mers du Sud. Ils braillaient, dansaient, buvaient et se marraient comme de bons gaillards. Hommes d'honneur, ils ne portaient aucune arme sur eux, mais avaient cette malveillance fourbe dans le coin des yeux qui les rendait plus que dangereux. Uniquement vêtus d'habits en toile ou en cuir, ils portaient les cheveux aussi courts que le fil d'une épée était fin. Seuls trois d'entre eux étaient crâne rasé. Et, chez les trois, pour la seule et unique raison qu'ils arboraient d'impressionnantes cicatrices provoquées par quelques horribles créatures empêchant toute floraison crânienne. Ces hommes transpiraient la fierté et l'aventure. Le sel, qui embaumait la salle depuis leur arrivée, n'avait rien de semblable à celui qu'on sentait plus au nord. Il attaquait avec plus de fureur l'arrière du nez. Micha semblait y être sensible. Il me regarda plus d'une fois avec ce drôle de plissement de nez. Je me suis décidée tout de suite. Il me fallait ces hommes sur le Roseau Tremblant, mon navire tout juste sorti des docks de Port-Flamboyant.

 

 

 

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Au final, l'cap' a fini par nous dire c'qu'il en était réell'ment. J'dois dire qu'j'la pensais pas aussi.. heu.. aventureuse! J'suis fier, et les gars pareil, d'faire parti d'son Roseau Tremblant. Ouai, drôle d'nom pour un chasse-marée. J'crois m'souvenir qu'il vient d'la douceur du nord. Tous d'mauvais marins là-haut, crois moi mon gars. Ils se traînent avec tout c'matos trop lourd et s'plaignent après d'jamais être dans les temps. *crache* Y a rien à dire d'plus. L'méritent pas plus d'louanges qu'cette racaille sous-marine. On n'devient pas Wat'wa'ker en batifolant avec les officiers d'la navale. J'me souviens d'la première fois qu'j'ai embarqué pour les Mers du Sud. J'crois bien qu'c'fut l'pire jour de toute ma vie. J'me suis pissé d'ssus au moins dix fois avec d'monter sur l'bateau du vieux McBareth ! Et pourtant, j'tais une putain mal dégrossie. J'venais des mines du Furia. J'ai grandis au milieu du souffre et d'ces foutus golems de merde... mais tout ça, c'tait rien comparé à c'que j'ai rencontré sur les mers. Ouai, mon gars, t'vas t'en rendre compte toi aussi dans quelques temps - j'suis d'ailleurs surpris qu'on soit arrivé jusqu'là sans merdes - et tu vas mouiller tes chausses -salop'ries d'tissus inutiles s'tu veux mon avis - comme un gosse de cinq piges. J'dis pas ça pour t'faire peur, m'sieur Ragen - officier s'cuse! - mais juste pour t'faire comprendre la putain d'réalité qui va te tomber d'ssus. J'saurais pas t'expliquer c'qu'on va tomber c'fois-ci vu qu'c'est rar'ment la même chose qui sort des abysses d'l'océan, mais, lors d'ma première excursion ici, c't'un géant qu'le vieux McBareth a tombé. Ouai, mon gars ! Un putain d'géant qui r'ssemblait à rien d'c'qu'on raconte dans les histoires quand tes gosses. Il était plus moche qu'ma tante 'Lisabeth et il puait encore plus que Timmy, l'clodo du port. On était pleins à vomir tell'ment l'air était devenu dégueulasse ! Mais l'vieux McBareth n'a rien laissé paraître. C'tait sa fierté d'marin ou la perte de son navire et d'ses gars. Du coup, il a tué l'géant d'un seul coup ! Avec tous les gars, on était bien content, mais il nous a vite r'mis au travail. On sait jamais c'qui sort d'ses mers là. Hein ? T'veux savoir comment il a fait ? Tu l'verras bien assez tôt, garçon - m'sieur l'officier s'cuse!

 

 

Accoudée sur la proue du Roseau Tremblant, je contemplais avec extase le calme plat de l'océan pendant que l'équipage vagabondait à ces tâches habituelles.Voilà maintenant des mois que nous arpentions ces mers dangereuses à la recherche de l'île légendaire La Magicienne et nous n'avons toujours rien trouvé. Aucunes créatures terrifiantes ne sont dressées sur notre route comme l'avait prédis le vieux  Ewan dès notre prem... Et voilà, je suis également tombée dans le piège ! A croire que tout le monde va finir par oublier qu'il est loin d'être vieux ce bon Ewan Stewart. Il doit bien avoir le même âge que moi et pourtant... je n'arrive pas à le considérer comme un hectogénaire quand je l'entends parler. Il semble avoir tellement vécu. Ses "gars" et lui portent sur leurs épaules des souffrances que je n'ai jamais aperçu chez quelqu'un auparavant. Au lieu de me prendre pour une folle en apprenant notre destination, ils se sont tous donnés des claques dans le dos en s'esclaffant avant d'ouvrir un tonneau d'alcool et boire en louant mon courage. Au moins, cette révélation a eu l'effet positif de les avoir accomplir avec plus de vivacité leurs tâches. On croirait presque, en les voyant travailler, qu'une force surnaturelle les aide à se mouvoir. Je pourrais passer des heures à contempler cette grâce divine. Surtout leur chef, le barbu Ewan Stewart. Zama, son bras-droit, m'a un jour confié que le nom de son chef et ami descendait d'une légendaire lignée de marins. Ces derniers posséderaient, selon les différentes légendes qui les accompagnent, des pouvoirs magiques venus des cieux et des étoiles. "J'préfère être aurprès d'mes gars chaque secondes que fait la Déesse plutôt qu'être vautré dans c'te fauteil d'cap'taine qu'vous avez, m'dame." m'avait-il avoué quand je l'interrogeais sur sa simple condition de matelot. Aussi bien charpenté que mon navire, rien ne semblait atteindre cet homme. Je le voyais tous les matins debout avant tout le monde sur le bastingage. Il goûtait le vent, m'expliqua-t-il un jour, pour savoir quelle démarche il fallait suivre dans la journée pour tenir bon face à l'océan. Le soir, il restait le dernier debout, à raconter des histoires ou à procurer des soins à ses "gars" avant de les accompagner dans leurs hamacs pour ensuite se pencher vers l'océan et prendre un bain de minuit. Le sel corrosif avait grisé sa barbe blonde. Du haut de ses trente ans, il semblait tellement plus que je ne cessais de m'avancer timidement devant lui pour quelques conseils. "Vous inquiétez pas, cap', c't'en forgeant qu'on d'vient forgeron. Plus vous pass'rez d'temps avec vous, mieux vous comprendrez comment on marche. T'façon, d'ici quelqu'jours, on verra d'quel bois v'z'êtes fait," m'avait-il lancé aujourd'hui, en s'esclaffant comme à l'accoutumée. Micha passe beaucoup de temps auprès de lui. Je le soupçonne de chercher le respect de cet homme. Pauvre Micha. Il a toujours vécu dans les jupons de ses soeurs, si bien qu'il reste toujours très sensible au regard des autres hommes. Alors que Mercucio, éternellement silencieux, se contentait de tenir la barre et écoutant avec une attention infatiguable toutes les directions et indications des Wat'wa'ker. Tom'ba Gilla, lui, se tenait de toute sa splendide silhouette d'ébène sur le nid de poule, insensible aux intemperries. Oui, Gilla et Mercucio ont tout de suite su ce faire respecter par cet équipage alors que le petit Micha restait encore un poupon pour eux. Quant à moi, j'ai évidemment remarqué la petite étincelle qui s'allumait dans le regard d'Ewan lorsqu'on se croisait. J'aurais surement des moments plus difficiles s'il n'avait cette discrète attirance pour moi. Ses "gars" acceptaient sans contester mes ordres. Le respect de la hiérarchie faisant aussi partie de leur code d'honneur. Oui, j'ai très bien trouvé cet équipage de marins mercenaires et, lorsque nous aurons atteint La Magicinne et trouvé le sceptre de Bafoulh'ga l'Intrépide, ils seront récompensés au-delà de toutes leurs espérances !

 

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5 novembre 2011 6 05 /11 /novembre /2011 17:42

 

 

 

 

A travers l'Obscurité

du cosmos.

 

 

Depuis des milliers d'années, l'Homme se demande s'il est unique dans l'univers. Cette curiosité n'a jamais cessé de le pousser à explorer le monde dans lequel il vivait, repoussant sans cesse les limites de sa propre condition, pour trouver une réponse à ses questions. Abolir les frontières de l'espace fut son plus grand rêve, si bien, qu'une fois les mers et le ciel domptés, il dirigea son regard vers les étoiles les plus étincelantes. Franchir cette dernière limite fut chose relativement rapide après cela. Une fois la Terre quittée, il se lança à la conquête d'un univers aux secrets incommensurables. De la même manière qu'il peupla sa planète natale, l'Homme se répandit à travers les espaces intersidéraux, perforant chacune des planètes habitables qu'il découvrit d'une vaste fourmilière, grouillant d'individus bornés, cupides et imbus de préjugés. Ces individus allèrent jusqu'à terra-former des planètes originalement inhabitables par l'Homme, toujours dans le but d'agrandir son empire. Sa soif de conquête ne connut aucune interruption. Gouverné par son esprit militariste et autoritaire, l'empire terrien se désagrégea de lui-même, trop instable pour perdurer devant les énormes distances qui se creusaient à chaque nouvelle planète. Comme-ci cela ne suffisait pas, nulle civilisation ne fut découverte. La plus grande question, qui a poussé la Terre à sortir de son retranchement, ne trouva pas de réponse satisfaisante : l'Humanité représentait la seule intelligence, la seule espèce capable, de toute la galaxie. Ainsi, les siècles se succédèrent dans une douce quiétude, uniquement bouleversés par quelques changements dans l'empire. Fragmenté de toute part, celui-ci connut beaucoup de dérives politiques avant de se stabiliser, au grand malheur des Premiers Hommes. Cependant, cela allait changer. S'il était déjà question de se tourner vers d'autres galaxies, sûrement habitées par de remarquables intelligences, nul ne pensa à regarder à travers les particules de l'espace-temps, à chercher ce que certaines théories nommaient déjà mondes parallèles.

 

 

 

 

 

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Vaisseau stellaire Odin. A quelques parsecs de la planète Sophocle.

Il s'agit sans aucun doute de plus beau vaisseau d'exploration jamais construit, la plus grande œuvre d'art de l'Humanité mêlant l'efficacité à la rapidité. A son bord, un équipage, d'une centaine de gradés et de scientifiques, s'est vu confié la mission de s'enquérir de la situation du DX-00475, vaisseau robotique d'exploration scientifique en patrouille dans la bordure extérieure. Ce dernier n'avait pas transmis son rapport hebdomadaire, chose inconcevable pour un équipage de robots. Sur les ordres du capitaine Byorek, l'Odinfit une unique escale près de la ceinture d'astéroïdes de Gamma Second. Une anomalie spatio-temporel agitait le système solaire. Les savants y recueillirent des données troublantes mais décidèrent de suivre leur ordre de mission.

 

 

Toute histoire a un début, les légendes ne naissent pas comme-ça de l'imagination. Celle que je vais vous conter fut la plus grande jamais écrite par l'Homme. Elle parle d'une jeune femme qui s'est battue jusqu'à son dernier soupir dans un combat perdu d'avance. Elle a profondément changé la vision du monde des milliards de personnes. Mais, bien avant d'être considérée comme l'épopée des Âges Nouveaux, cette histoire débute sur un petit monde perdu, un monde oublié, lui-même vibrant de folles légendes. Ce monde fut le berceau de l'Humanité.. une planète abandonnée, vaincue par ses propres enfants... une planète qu'on a, jadis, nommée Terre...

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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 06:35

 

 

 

 

 

" La chose la plus miséricordieuse de ce bas-monde est l'incapacité de l'esprit humain à mettre en corrélation toutes les informations qu'il contient. "

[H. P. Lovecraft]

 

 

 

 

 

 

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Depuis des lustres, je navigue sous les vents contraires de l'Ouest. Debout sur ma planche, je me voyais tel un dieu antique, dressé face aux dangers, poitrine immortelle exposée comme trophée pour inviter la mort à venir l'embrasser de ses lèvres glacées. Fou ! Fou ! Fou ! Les déjà-morts n'ayant plus besoin de respirer, je plongeais sans précautions dans l'océan des possibles, cherchant avec délectation une nouvelle partie de chasse. Il n'y aura jamais rien de plus exaltant que de dresser tous ses pièges et regarder ces petits poissons s'y engouffrer avec sérénité ; et les voir se débattre, une fois les dernières mailles serrées contre leurs écailles, tranchant leurs branchies, asphyxiant définitivement l'idiotie vivante qu'ils représentent ; et les voir se débattre avec désespoir entre mes longues griffes avant de les plonger dans un bain d'huile bouillante, et sentir, sentir, sentir toute cette douleur, cette tristesse, cette haine. Certains me mordent. Ceux-là, je ne les comprendrais jamais. Quelle peuvent bien être les désuètes réflexions, frétillant dans cette pathétique cervelle, les poussant à tenter de me faire du mal ? Ne peuvent-ils s'apercevoir, à défaut de comprendre, que je suis bien au-delà de cette mortalité qu'ils considèrent comme unique... Il serait trop demandé à.. ça de se laisser faire tranquillement... J'ai à peine le temps de rendre visite aux mers du Sud que les voilà déjà agressifs, à construire on-ne-sait-quoi d'inutile et de prier une créature faible et misérable, dépourvue de toute puissance. Ils m'ennuient. Je ne me comptais que de me repaître de leur mort, voilà qu'ils m'obligent à gaspiller une précieuse ressource en combattant par centaine de milliers. Ils se donnent du mal, je le vois bien, mais je ne parviens pas à comprendre. Rien ne peut échapper à ma domination. Ils souffrent bien plus en essayant de s'attribuer une liberté fictive que... Fou, fou, fou! Fous ! La seule chose que je demandais, c'était de la tranquillité, qu'on cesse de venir perturber mes réflexions... et voilà, voilà, voilà que mes pensées redeviennent brûlantes... Je ne souhaitais qu'un peu de calme, de calme, calme, calme, pour mettre en ordre mes précieuses, précieuses, précieuses petites larmes gelées... Je sens de nouveau, de nouveau, la noirceur perturber mes songes... Combien de fois devrais-je consumer ce monde avant qu'ils ne s'arrêtent et réfléchissent ?! COMBIEN DE FOIS ?! Rien n'y fait ! J'ai beau changer l'air en cendre pour qu'ils suffoquent en silence, stériliser leurs femelles pour qu'ils s'éteignent, rompre les continents, bouillir les flots et les déverser sur leurs grotesques cités, ils sont encore là, sans jamais s'interrompre dans des bouffonneries destinées à me tuer. Rien que ça ! De quoi s'imaginent-ils ?! Cette fois, ils apprendront que la fureur d'un Maître n'a aucune équivalence. En ces lieux et en ces temps, je suis l'égal des cinq Créateurs. A moi seul, je parvins, jadis, à les faire fléchir, puis disparaître dans le fin fond de cet univers qu'ils aiment tant. Moi, ma puissance infinie, et mes sombres pensées.

 

 

 

 

 

 

 

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Je danse avec les ombres de cette planète depuis, maintenant, bien des lunes. Ils sont tous venus me retrouver sur les plaines verdoyantes de la contrée de Jaarrichia pour m'affronter. Des centaines de milliers de ces pitoyables créatures, armées de désespoir, de haine et de courage, se sont dressées contre le Maître de ce monde. Assoiffées d'une absurde vengeance, ils ont fondu de toute part sur ma sombre silhouette, debout sur une colline. J'avais choisi, il y a un millénaire de leur calendrier, de me matérialiser sur cette planète, grâce à un vague avatar humanoïde, physiquement impuissant et mortel, pour les corriger une bonne fois pour toute. Il y avait parmi eux, des créatures qui pensaient prédire l'avenir. J'ai donc accéder à leur requête en interceptant les rayons formées par le croisement des deux lunes pour me manifester. Malgré ma réponse à leurs.. prédictions, ils dépensèrent bien des centaines de leurs années avant de se présenter devant.. moi pour m'affronter. Étrangement, je me suis beaucoup mieux senti au milieu de ce négligeable garde-manger qu'en dérivant paisiblement dans les myriades étoilés. Ici, au moins, aucunes de leurs pensées parasites ne venaient me gêner, comme-ci mes perceptions étaient freinées, sans pour autant perdre une once de sensibilité. Ceci mérite d'être approfondie. Je poserais bien pieds à terre pendant quelques millénaire pour comprendre cet étrange phénomène. Un nouveau sujet de réflexion, voilà quelque chose de passionnant. Je ne peux qu'admettre mon attraction par quelque chose situé dans les entrailles de cette planète, mais je ne perçois aucunement l'origine de cette interrogation. Il est d'ailleurs bien étrange que je ne distingue, avec autant d'intensité, ce trouble qu'aujourd'hui. La colline pourrait en être la cause ? Ou bien serait-ce cette vaste étendue désagréablement verte ? Je déteste cette.. végétation omniprésente ! Elle rampante jusqu'à la moindre petite faille et suinte par tous les pores de cette planète. A croire que d'infimes insectes grouillant sur chaque centimètre ne suffisent pas à rendre un monde assez puant ! Je déteste les humains et leur frivolité !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Bien que dépourvu que toute sa puissance, cet Être, qui se prenait pour un dieu, ne devait pas être pris à la légère. En colère et décidé à vérifier par lui-même, et non par artifice, ce qui avait pu toucher son esprit, auparavant impénétrable, l'Être frappa la terre verdoyante de Jaarrichia, patrie des royaumes nomades. Oubliant complètement l'immense rassemblement qu'il avait provoqué, il fit pénétrer ses sombres desseins à travers les racines du monde, balayant avec nonchalance toutes formes de vie. Les cieux se brisèrent sous la puissance impie qui se déversa dans les veines de Ma'ara. La vie ne résista guère quelques secondes face à l'hideuse corruption qui exalta de l'Être. Aussi fragiles que des bulles d'oxygène, les milliers de guerriers rassemblés ce soir-là s'évaporèrent, soumis à une lois qu'ils ne pouvaient régir. Souillée par balafre immuable, Ma'ara, frappée en son coeur le plus sacrée, commença à dépérir. Cela ne prit que quelques années avant que les horribles manipulations de l'Être, dans les entrailles de la terre, finissent par dénaturer la surface. La verdure pourrit, pervertie jusqu'à se consumer et former une épaisse couche de cendre froide. Le sol, rongé dans sa moelle, s'assécha pour se former en une vaste étendue de roches grisâtres instables, transpirant la damnation et murmurant d'abominables complaintes sur des lieux et des lieux de distance. A l'origine clairsemées de collines, la terre de Jaarrichia se changea en une multitude d'effroyables montagnes arides, sur lesquelles dansent les épouvantables silhouettes ombreuses des créatures perverties par l'oeuvre de l'Être. Abominations peuplent maintenant ces terres innommables de part leur infamie. Par-delà les océans, l'influence monstrueuse de l'Être se manifesta. La charogne gagna les plus belles cités, rongeant les magnifiques bâtisses de la civilisation humaine florissante, les convertissent en atroces ruines décrépies. Le temps des Hommes sembla révolu. L'Humanité oublia son passé et finit par succomber, à son tour, à l'essence perverse de l'Être.


 

 

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24 septembre 2011 6 24 /09 /septembre /2011 15:00

 

 

 

"Immobilité. Ce n'est pas être comme la pierre ou l'arbre ; c'est l'état où l'esprit ne s'attache nulle part..."

Paul Ohl [Katana]

 


 

Je contemple, les yeux dans le vague, l'étrange profondeur de l'art de vivre. Toutes ces mouvements gravitant autour du même astre, scintillants à la lumière du soleil comme de simples pierres ponces. Les jambes se lèvent et s'abaissent pour permettre à nos pieds de se poser sereinement sur le sol goudronné alors que le rugissement des voitures berce nos pensées vers un état de béatitude indécent. Le goudron, qui brûle mes poumons, me hurle de continuer à dresser cette corde enroulée autour de mon cou. Affiché sur un stand macabre, les joyeuses couleurs de la vie dansent comme des serpents autour d'un pommier, attendant avec fureur que le fruit divin chute afin de l'achever rapidement. J'observe, avec une lenteur taciturne, des vagues semblant se défouler entre des murs gris, à moitié enseveli sous le regard amusé des ténèbres. Dieux du monde souterrain, ils envahissent nos pensées, nos envies et nos doutes tels le plus obscur de tout nos désirs. Consolidés à travers les âges dans les entrailles d'un cycle échappant à l'entendement des mortels, ils suivent avec passion les funestes murmures que soufflent nos esprits étroits. Leurs agents, masques derrière des masques, se régalent de consciences mélodramatiques. Puant, bileux comme des maccabés, ils nous tournent autour, vautours des époques incertaines d'un temps révolu, et nous entraînent dans leurs bras décharnés, putréfiés, pour nous donner une dernière fois, encore et encore, le baiser, visqueux, pernicieux, de la goule. Ô macabres enfants de la destinée, soufflez nous encore une fois le glas monstrueux de la réflexion mortelle ! Sur le macadam funèbre d'un monde élitiste, je gravite inintentionnellement derrière les affres de l'immobilité, moi, sang de mes ancêtres, entravé par les chaînes infernales de mes désirs inassouvis, dernier enfant des guerriers de Belh' ! Suppôts du démon ! Ma folie sanguinaire n'aurait de cesse qu'après avoir écrasé le dernier de vos crânes abominables entre mes mains ! Je serais l'égal de la sagesse la plus primaire, le bras meurtrier d'une violence aussi cruelle que brutale. Je marquerais d'une balafre, sceau magnifique de mon inexorable victoire, chacun de vos morts. Et enfin, alors que votre "dieu" s'agenouillera devant moi pour quémander ma pitié, je me tournerais vers le plus frêle, le plus petit et le plus faible de vos enfants pour lui arracher son coeur et l'offrir au seul et unique dieu reconnu pour sa véritable puissance. Immobile, je détourne mon regard, perdu dans les méandres vertigineuses d'une abîmes terrifiante, et j'offre à mon esprit le surcis d'un tremblement avant de continuer ma route vers les hauteurs incommensurables du Pic de Stoyne. Mon marteau de guerre sur l'épaule, je ne peux m'empêcher de sentir autour de moi le râle mortuaire d'une entité supérieure. Dragons, Trolls et toutes autres créatures mystiques ont depuis longtemps disparus de notre planète, remplacés par les horreurs innomables d'abominations défiant notre plus monstrueuse imagination.

 

 

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