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18 octobre 2011 2 18 /10 /octobre /2011 06:35

 

 

 

 

 

" La chose la plus miséricordieuse de ce bas-monde est l'incapacité de l'esprit humain à mettre en corrélation toutes les informations qu'il contient. "

[H. P. Lovecraft]

 

 

 

 

 

 

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Depuis des lustres, je navigue sous les vents contraires de l'Ouest. Debout sur ma planche, je me voyais tel un dieu antique, dressé face aux dangers, poitrine immortelle exposée comme trophée pour inviter la mort à venir l'embrasser de ses lèvres glacées. Fou ! Fou ! Fou ! Les déjà-morts n'ayant plus besoin de respirer, je plongeais sans précautions dans l'océan des possibles, cherchant avec délectation une nouvelle partie de chasse. Il n'y aura jamais rien de plus exaltant que de dresser tous ses pièges et regarder ces petits poissons s'y engouffrer avec sérénité ; et les voir se débattre, une fois les dernières mailles serrées contre leurs écailles, tranchant leurs branchies, asphyxiant définitivement l'idiotie vivante qu'ils représentent ; et les voir se débattre avec désespoir entre mes longues griffes avant de les plonger dans un bain d'huile bouillante, et sentir, sentir, sentir toute cette douleur, cette tristesse, cette haine. Certains me mordent. Ceux-là, je ne les comprendrais jamais. Quelle peuvent bien être les désuètes réflexions, frétillant dans cette pathétique cervelle, les poussant à tenter de me faire du mal ? Ne peuvent-ils s'apercevoir, à défaut de comprendre, que je suis bien au-delà de cette mortalité qu'ils considèrent comme unique... Il serait trop demandé à.. ça de se laisser faire tranquillement... J'ai à peine le temps de rendre visite aux mers du Sud que les voilà déjà agressifs, à construire on-ne-sait-quoi d'inutile et de prier une créature faible et misérable, dépourvue de toute puissance. Ils m'ennuient. Je ne me comptais que de me repaître de leur mort, voilà qu'ils m'obligent à gaspiller une précieuse ressource en combattant par centaine de milliers. Ils se donnent du mal, je le vois bien, mais je ne parviens pas à comprendre. Rien ne peut échapper à ma domination. Ils souffrent bien plus en essayant de s'attribuer une liberté fictive que... Fou, fou, fou! Fous ! La seule chose que je demandais, c'était de la tranquillité, qu'on cesse de venir perturber mes réflexions... et voilà, voilà, voilà que mes pensées redeviennent brûlantes... Je ne souhaitais qu'un peu de calme, de calme, calme, calme, pour mettre en ordre mes précieuses, précieuses, précieuses petites larmes gelées... Je sens de nouveau, de nouveau, la noirceur perturber mes songes... Combien de fois devrais-je consumer ce monde avant qu'ils ne s'arrêtent et réfléchissent ?! COMBIEN DE FOIS ?! Rien n'y fait ! J'ai beau changer l'air en cendre pour qu'ils suffoquent en silence, stériliser leurs femelles pour qu'ils s'éteignent, rompre les continents, bouillir les flots et les déverser sur leurs grotesques cités, ils sont encore là, sans jamais s'interrompre dans des bouffonneries destinées à me tuer. Rien que ça ! De quoi s'imaginent-ils ?! Cette fois, ils apprendront que la fureur d'un Maître n'a aucune équivalence. En ces lieux et en ces temps, je suis l'égal des cinq Créateurs. A moi seul, je parvins, jadis, à les faire fléchir, puis disparaître dans le fin fond de cet univers qu'ils aiment tant. Moi, ma puissance infinie, et mes sombres pensées.

 

 

 

 

 

 

 

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Je danse avec les ombres de cette planète depuis, maintenant, bien des lunes. Ils sont tous venus me retrouver sur les plaines verdoyantes de la contrée de Jaarrichia pour m'affronter. Des centaines de milliers de ces pitoyables créatures, armées de désespoir, de haine et de courage, se sont dressées contre le Maître de ce monde. Assoiffées d'une absurde vengeance, ils ont fondu de toute part sur ma sombre silhouette, debout sur une colline. J'avais choisi, il y a un millénaire de leur calendrier, de me matérialiser sur cette planète, grâce à un vague avatar humanoïde, physiquement impuissant et mortel, pour les corriger une bonne fois pour toute. Il y avait parmi eux, des créatures qui pensaient prédire l'avenir. J'ai donc accéder à leur requête en interceptant les rayons formées par le croisement des deux lunes pour me manifester. Malgré ma réponse à leurs.. prédictions, ils dépensèrent bien des centaines de leurs années avant de se présenter devant.. moi pour m'affronter. Étrangement, je me suis beaucoup mieux senti au milieu de ce négligeable garde-manger qu'en dérivant paisiblement dans les myriades étoilés. Ici, au moins, aucunes de leurs pensées parasites ne venaient me gêner, comme-ci mes perceptions étaient freinées, sans pour autant perdre une once de sensibilité. Ceci mérite d'être approfondie. Je poserais bien pieds à terre pendant quelques millénaire pour comprendre cet étrange phénomène. Un nouveau sujet de réflexion, voilà quelque chose de passionnant. Je ne peux qu'admettre mon attraction par quelque chose situé dans les entrailles de cette planète, mais je ne perçois aucunement l'origine de cette interrogation. Il est d'ailleurs bien étrange que je ne distingue, avec autant d'intensité, ce trouble qu'aujourd'hui. La colline pourrait en être la cause ? Ou bien serait-ce cette vaste étendue désagréablement verte ? Je déteste cette.. végétation omniprésente ! Elle rampante jusqu'à la moindre petite faille et suinte par tous les pores de cette planète. A croire que d'infimes insectes grouillant sur chaque centimètre ne suffisent pas à rendre un monde assez puant ! Je déteste les humains et leur frivolité !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Bien que dépourvu que toute sa puissance, cet Être, qui se prenait pour un dieu, ne devait pas être pris à la légère. En colère et décidé à vérifier par lui-même, et non par artifice, ce qui avait pu toucher son esprit, auparavant impénétrable, l'Être frappa la terre verdoyante de Jaarrichia, patrie des royaumes nomades. Oubliant complètement l'immense rassemblement qu'il avait provoqué, il fit pénétrer ses sombres desseins à travers les racines du monde, balayant avec nonchalance toutes formes de vie. Les cieux se brisèrent sous la puissance impie qui se déversa dans les veines de Ma'ara. La vie ne résista guère quelques secondes face à l'hideuse corruption qui exalta de l'Être. Aussi fragiles que des bulles d'oxygène, les milliers de guerriers rassemblés ce soir-là s'évaporèrent, soumis à une lois qu'ils ne pouvaient régir. Souillée par balafre immuable, Ma'ara, frappée en son coeur le plus sacrée, commença à dépérir. Cela ne prit que quelques années avant que les horribles manipulations de l'Être, dans les entrailles de la terre, finissent par dénaturer la surface. La verdure pourrit, pervertie jusqu'à se consumer et former une épaisse couche de cendre froide. Le sol, rongé dans sa moelle, s'assécha pour se former en une vaste étendue de roches grisâtres instables, transpirant la damnation et murmurant d'abominables complaintes sur des lieux et des lieux de distance. A l'origine clairsemées de collines, la terre de Jaarrichia se changea en une multitude d'effroyables montagnes arides, sur lesquelles dansent les épouvantables silhouettes ombreuses des créatures perverties par l'oeuvre de l'Être. Abominations peuplent maintenant ces terres innommables de part leur infamie. Par-delà les océans, l'influence monstrueuse de l'Être se manifesta. La charogne gagna les plus belles cités, rongeant les magnifiques bâtisses de la civilisation humaine florissante, les convertissent en atroces ruines décrépies. Le temps des Hommes sembla révolu. L'Humanité oublia son passé et finit par succomber, à son tour, à l'essence perverse de l'Être.


 

 

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