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25 août 2011 4 25 /08 /août /2011 01:45

Un homme va chez le toubib, dit qu’il est déprimé, la vie lui parait dure et cruelle. Il dit qu’il se sent tout seul dans un monde menaçant. Le toubib dit : « le remède est simple, le grand clown Paillasse est en ville. Allez le voir, ça vous remontera. » L’homme éclate en sanglots : « mais docteur, qu’il dit, je suis Paillasse. »

 

http://fc05.deviantart.net/fs42/f/2009/117/5/a/_Victim_of_a_dream__by_Nonnetta.jpg


Demain, est un autre jour.

 

J'ai déposé un panier en osier devant ta porte, avec l'espoir que tu réussisses, un jour, à l'ouvrir de nouveau. Ce serait presque avec une grande tristesse que je m'éloignais de ta maison, des souvenirs d'enfance pleins les poches, si je ne soupirais pas toutes ces fois où nous n'avions pas perdu notre temps à disparaitre derrière les platanes qui longent le chemin de fer. Je nous revois encore jouer avec des bâtons derrière les vieux barbelés poussiéreux, la gueule collante de ch'wing-gum. Des BD's rangées à la va-vite dans un sac à dos, un marque-page et, toujours, toujours, ce livre indescriptible que nous avions trouvé sous la verranda de la voisine, cette vieille-pie qui passait son temps devant son miroir à se coiffer avec ses mains grasses et poisseuses.Incroyablement méprisante envers le reste de la communauté, elle ne parlait qu'à son oiseau de malheur : un grand piaf coloré du bec jusqu'aux plumes du cul. A la moindre occasion, nous profitions de leurs longues discussions incompréhensibles pour vagabonder dans l'immense jardin à la recherche d'un quelconque trésor, que nous finîmes par trouver sous la forme de ce fameux livre insolite. Il en faut peu à des enfants pour s'envoler au pays imaginaire. Nous avions nos bouts de bois, destinés à déblayer les chemins jusqu'à notre cachette secrète, derrière les rails abandonnés de la vieille gare, puis ce bouquin à la reliure en cuir, aux épaisses pages jaunies par le temps et à l'écriture idiotement compliquée. Alors, la voisine devenait pour nous une exploratrice, une espionne voire même une extra-terrestre ! Combien d'heures avons-nous passé, le cul endolorie par la rudesse du terrain, à tenter de déchiffrer ce langage codé ? Nous ne nous sommes pas vu grandir, plongés dans ce mystère.

 

Et te souviens-tu de ce vieil trompettiste qui vivait à l'autre bout du village ?! Aha, qu'est-ce qu'il était doué.. du moins, c'est ce dont se souviennent mes oreilles d'enfant. Il pouvait en jouer pendant des heures et des heures, de son instrument. Je me rappelle que, de temps à autre, quelques de ses amis, sûrement de passage dans le village, se joignaient à lui. Pleuvait alors sur nous autre, gamins des champs, toute une floppée de musiques irréelles aux milles et une couleur. Ca ronronnait et nous réchauffait, malgré les nombreuses fois où la pluie trempait nos souliers crottés. Et cette femme qui chantait avec eux ! Notre premier coup de foudre, à tous les deux.. Elle était aussi belle que le clair de lune. Sa peau, de la blancheur de la neige, refléchissait les doux rayons matinaux du soleil. Semblable à la flamme d'une bougie, sa longue chevelure cascadait jusqu'à hauteur de ses reins sans pour autant réussir à masquer ses plus délicieuses rondeurs. Une femme comme elle, pour des gosses de dix piges, ne pouvait être qu'un ange. Descendue des voûtes célestes dans le but d'irradier les hommes d'amour, elle se déplaçait avec la grâce d'une chatte aux pattes de velours. Hélas, trois fois hélas, elle ne passait que rarement rendre visite au trompettiste. Alors, nous gettions sa venue, du haut de notre pommier enchanté, refuge de toutes les fées. Les étoiles collées sur les yeux, nous respirions l'odeur suave et sucrée de la sève, laissant courir sur notre peau des fourmis, pendant que les adultes regardaient la télévision. J'ai commencé à t'écrire des poèmes sous cet arbre. Quand tu faisais la vaisselle ou séchait le linge, je courais m'y réfugier pour entraîner ma plume à vagabonder sur des morceaux de papier.

 


 

Tu courais plus vite qu'une fusée, vieille branche. Tes éclats de rire innondait nos matinées d'une lumière éclatante mais, surtout, enjôlivait toutes ses soirées passées à écouter le bruissement des feuilles ou le chant des hiboux. Ouh ouuuh, Ouh ouuuuh... Il y avait encore des étoiles qui pétillaient dans des yeux dans ces moments là. Tes doigts glacés égarés dans mes grandes paluches. Ton menton pointu posé contre mon épaule. Et tes cheveux qui me chatouillaient les narines. Nous n'étions pas encore des souvenirs. Nous étions bel et bien vivants, heureux, rien que des gosses. Aujourd'hui, je quitte ta maison, ma main hésitant à peine à lâcher la poignée de ta porte. Bientôt, je quitterais ta rue, ainsi que ta ville, et sûrement ton pays. Bien plus tard, ce sera ton continent, et, quelques secondes après, ta planète. Si j'avais encore un coeur, je crois qu'il se briserait, car, de toute ma vie, toute mon histoire, la seule chose qui a réellement compté, c'était nous. Des années ont séparé ces souvenirs enfantins d'aujourd'hui, pourtant, c'est avec eux qui j'entame ce nouveau départ.

 

Hier détournera le regard, hagard, devant ton sourire malicieux,

 

petite soeur...          

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commentaires

P
Superbe citation au début ! Mon passage préféré : "Je nous revois encore jouer avec des bâtons derrière les vieux barbelés poussiéreux, la gueule collante de ch'wing-gum." Quelques phrases un peu<br /> lourdes à lire comme : "Ce serait presque avec une grande tristesse que je m'éloignais de ta maison, des souvenirs d'enfance pleins les poches, si je ne soupirais pas toutes ces fois où nous<br /> n'avions pas perdu notre temps à disparaitre derrière les platanes qui longent le chemin de fer." Et une fin plutôt émouvante.
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N
<br /> <br /> Merci mec, c'est noté ! =D<br /> <br /> <br /> <br />